Dans l’arrondissement de Ngoyla, ce peuple fragile se retrouvent en danger du fait des manœuvres malveillantes de certains individus qui prennent des actes en leur nom.

Le peuple Baka’a, d’Assoumdelle et de Seh, dans l’arrondissement de Ngoyla, département du Haut-Nyong, région de l’Est, fait face à une situation alarmante au sujet de la gestion de leur forêt communautaire.
En effet, à l’occasion d’une concertation entre les membres de cette minorité et les hauts responsables du ministère des Forêts et de la Faune, tenue le 10 avril à Assoumdelle II, il a été révélé qu’un certain Anicet Zangoua et ses complices absents au moment du conclave ont falsifié la signature de Daniel Dindo, le représentant de la communauté Baka’a. Une forfaiture qui leur aurait permis de distraire pas moins de 75 millions de F CFA, représentant les fonds payés à la communauté Baka’a par des entreprises qui exploitent le bois dans cette forêt communautaire qui constitue leur espace vital.
« Malgré la volonté des pouvoirs publics de leur (Baka’a) attribuer cette forêt communautaire, ils n’ont pas encore la capacité de gestion. » « Ce qui fait qu’ils ont été infiltrés par un individu que tout le monde a identifié, qui leur a pris des documents, pris des actes en leur nom en tant que représentant et s’est fondu dans la nature avec de grandes sommes d’argent », a indiqué Wilfried Nkpwalla, maire de la commune de Ngoyla. « Maintenant, nous attendons les résolutions que l’association des Baka pourra prendre, notamment les poursuites judiciaires, car on ne peut pas laisser quelqu’un voler impunément l’argent de ce peuple vulnérable », a ajouté le premier magistrat municipal.

Initiée par le ministre des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo, et tenue sous le présidium d’Ombolo Tassi Engels Edding, délégué régional des Forêts et de la Faune pour la région de l’Est, cette concertation, qui visait alors à établir un dialogue constructif entre les Baka’a et les autorités afin de trouver des solutions concrètes pour renforcer la confiance entre les deux parties, a permis de dissiper un certain nombre de malentendus. Avec en prime le pseudo-conflit qui existerait entre les Baka’a et les Bantu, alimenté par certains journaux en quête de sensations, contribuant ainsi à détourner l’attention des véritables enjeux auxquels la communauté est confrontée.
Réactions
Guy Amba Amba, sous-préfet de Ngoyla

« Le problème en lui-même n’existe pas »
Je tiens tout d’abord à remercier monsieur le ministre des Forêts et de la Faune qui a bien voulu que cette réunion se tienne. Parce qu’il était évidemment important de parler du problème des Baka de Ngoyla et d’Assoumdelle en particulier. Au fond, le problème en lui-même n’existe pas. C’est un problème de gestion des ressources. Vous allez constater qu’il y a des personnes qui se sont introduites dans la gestion des ressources de la forêt communautaire Djoko, excluant même la présence de cette population Baka. Il était question pour nous aujourd’hui d’apporter une solution définitive afin que les populations autochtones d’Assoumdelle et même partout dans l’arrondissement de Ngoyla puissent se retrouver dans la gestion des revenus issus de l’exploitation forestière en tant que riverains.
Ombolo Tassi Engels Edding, délégué régional des Forêts et de la Faune pour la région de l’Est

« Il s’agissait d’un malentendu »
À l’issue de cette réunion, nous rentrons satisfaits, car les appréhensions, les craintes, les frayeurs de la hiérarchie et les nôtres mêmes sont apaisées. On réalise en fait qu’il s’agissait simplement d’un malentendu, d’une circulation difficile de l’information, d’un problème de rétention de l’information, de partage de l’information. Au cours de la rencontre, il est apparu que certains représentants Baka à l’insu des autres avaient effectivement mandaté un certain nombre d’acteurs ou avaient posé un certain nombre d’actes qui ont compromis au final le bien-être de l’ensemble. Donc, il n’y a pas de problème entre les Baka et les Bantous au sein de la forêt communautaire Djoko, en particulier, et dans l’arrondissement de Ngoyla, en général.
Wilfried Nkpwalla, maire de la commune de Ngoyla

« Le problème n’était pas celui annoncé »
Face à la dénonciation qui a été faite par les Baka, qui disaient la semaine passée qu’ils étaient menacés par l’exploitation de leur forêt communautaire, et après la réunion convoquée aujourd’hui par le délégué régional des Forêts pour la région de l’Est, après avoir écouté tout le monde, nous nous sommes rendus compte que le problème n’était pas vraiment celui qui avait été annoncé.
Mais par contre, le peuple Baka étant fragile, malgré la volonté des pouvoirs publics de leur attribuer cette forêt communautaire, ils n’ont pas encore cette capacité de gestion. Ce qui fait qu’ils ont été infiltrés par un individu que tout le monde a identifié, qui leur a pris des documents, pris des actes en leur nom en tant que représentant et s’est fondu dans la nature avec de grandes sommes d’argent. Maintenant, nous attendons les résolutions que l’association des Baka pourra prendre, notamment les poursuites judiciaires, car on ne peut pas laisser quelqu’un voler impunément l’argent de ce peuple vulnérable. C’est l’absence donc de cet argent qui a entrainé le fait qu’il n’y a pas eu de réalisations, ce qui leur a fait penser qu’ils ont été menacés.
Freddy Madom, élite de l’arrondissement de Ngoyla

« Il n’y a pas de problème entre les communautés Baka’a et Bantu »
Nous avons été invités par le délégué régional Minfof pour la région de l’Est à assister à cette séance de travail concernant la forêt communautaire Djoko Baka’a. En tant qu’élite de la localité, je pense qu’il est de bon ton que les deux communautés puissent trouver un consensus, une décision consensuelle, pour qu’il n’y ait plus ce genre de malentendus dans un futur proche. Vous êtes d’accord avec nous qu’il n’y a pas de problème entre les communautés Baka’a et les communautés Bantu. Il s’agit juste de l’ingérence des individus qui viennent d’ailleurs avec des appétits démesurés et viennent créer des troubles. Aujourd’hui, ces gens ont pris des sommes d’argent qu’ils ne parviennent pas à restituer aux communautés, c’est-à-dire aux ayants droit, une situation qui nous met très mal à l’aise.
Ce que nous attendons des pouvoirs publics, c’est qu’il y ait un audit par rapport à cette situation. Parce que je peux déjà vous rassurer que nous sommes conscients de notre statut : celui d’une unité territoriale décentralisée qui n’a pas d’élite de grande envergure. Depuis l’avènement du Renouveau, des indépendances mêmes, l’arrondissement de Ngoyla n’a jamais bénéficié d’un décret présidentiel. Il n’y a jamais eu un des nôtres nommé aux hautes fonctions de la République pour qu’à chaque instant, lorsqu’il y a des situations de crise comme celle-ci, quelqu’un puisse parler au nom des populations au sein de l’appareil étatique, et cela crée un énorme problème.
Julien Efila
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