C’est la toile de fond de la réunion nationale de plaidoyer Cameroun 2025, organisée le 13 mai dernier, par les ONG African Forum and Network on Debt and Development(AFRODAD), en collaboration avec Africa Development Interchange Network (ADIN) et l’Association Camerounaise des Journalistes Anglophones(CAMASEJ). Les assises tenues à Yaoundé visaient à trouver des stratégies susceptibles de palier au problème d’endettement de l’Afrique en générale et particulièrement le Cameroun, dont la dette encourue affiche 14 442 milliards de FCFA au 09 mai de l’année en cours.

Mener le Cameroun vers l’émergence tant prônée par les pouvoir publics commande l’adoption ou mieux, l’impulsion d’un nouveau paradigme basé sur des politiques économiques rigoureuses. Si beaucoup d’espoir repose sur les échéances électorales de 2025, il sera surtout question de permettre au pays des lions indomptables de se débarrasser des épines telles que le surendettement. Voilà qui justifie la tenue de la réunion nationale de plaidoyer Cameroun 2025, sous le thème « Gestion de la dette et agenda politique : garantir la responsabilité et la stabilité ». Visant à cogiter sur les politiques d’influences qui permettront à l’Afrique de se frayer la voie à suivre pour son autodétermination économique, politique et sociale, elle a rassemblé les élus de la nation, les opérateurs économiques, les acteurs politiques, les hommes et femmes de médias.

De façon concrète, le conclave s’est attardé sur les résultats des précédentes activités liées à la dette du Cameroun en lançant des discussions sur une meilleure façon de placer sa gestion au cœur de l’agenda politique. Lumière a ainsi été faite sur les chiffres actualisés de la dette publique, leur impact dans le vécu des nations africaines et surtout les difficultés retrouvées dans le processus de son remboursement. Il ressort que selon les derniers sondages de la Caisse Autonome d’Amortissement(CAA), les 14 442 milliards de FCFA de la dette publique du Cameroun représentent 44,7% de son PIB. Si elle enregistre une baisse de 1,4% en glissement mensuel, une hausse de 5,7% est observée en glissement annuel. La dette directe de l’Administration Centrale s’élève quant à elle à 13 405 milliards de FCFA, soit 41,5% du PIB, y compris environ 889,7 milliards de FCFA de dette rétrocédée.

Au niveau de l’Afrique, la dette publique brute générale s’élève à plus de 1,8 billion. Selon Martin Tsounkeu, représentant ADIN, elle a la particularité de croitre plus vite que le Produit Intérieur Brut et est amplifiée par un taux d’intérêt qui augmente d’environ 10% sur les rendements obligatoires. A titre d’illustration, en 2024, les pays africains ont versé 163 milliards de dollars d’intérêts pour le compte de cette dette, soit un montant supérieur à la dette totale du continent dans les années 1990.

Une triste réalité amplifiée par des causes endogènes et exogènes telles, les déficits budgétaires et fiscaux élevés, en moyenne de 5 à 6 %, les chocs comme le Covid, la faible assiette fiscale et des pièges des matières premières, la faible mobilisation des ressources intérieures (MRN), les faibles excédents primaires qui restent insuffisants pour combler les déficits budgétaires et fiscaux existants, ainsi qu’une forte incidence des flux financiers illicites (FFI) etc.

Les assises se sont soldées sur un ensemble de recommandations qui formeront le plaidoyer de AFRODAD et ADIN lors des prochaines assises de l’Union Africaine. Il a notamment été recommandé, l’utilisation prioritaire de la dette dans les investissements ; l’implication de la société civile dans la gestion de la dette et la mise en place d’un guichet unique pour l’information sur la dette. En faveur de la société civile, les participants ont milité pour la sensibilisation et à la mobilisation de l’ensemble des institutions concernées par la problématique de la gestion de la dette. A l’attention des professionnels des médias, il a été proposé de trouver des mécanismes et moyens de formation des professionnels sur l’information économique ; la promotion de la spécialisation des uns et des autres dans le domaine de l’économie ; la mise à disposition des journalistes, des experts en économie et finance dans le traitement des questions sur la dette et l’adaptation de la communication sur la dette au public cible. Invite leurs a élégamment été fait de se rapprocher des candidats pour s’informer sur leurs programmes économiques et la question sur la surfacturation observée dans les marchés publics. Au niveau continental, la mise en place des institutions financières en même de répondre aux attentes des Etats et celle d’une monnaie africaine ; ainsi que la vulgarisation de l’information sur la dette dans les réseaux sociaux.
Oscar Abessolo
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