Charlaine Feumo, une victime de plus
La plus proche collaboratrice du directeur de publication du journal « L’Equation » et pigiste au journal « Le Soir », deux tabloïdes exerçant au Cameroun, fait l’objet de menaces physiques et morales depuis plusieurs mois. Le 26 Septembre 2022, elle a été victime d’un enlèvement où elle a été torturée, battue et presque laissée pour morte.
Les menaces contre les journalistes sont monnaie courante au Cameroun. L’emprisonnement des professionnels des médias prend de l’ampleur tandis que la violence et le harcèlement entrainent à des agressions physiques. En fait, les travailleurs des médias camerounais sont confrontés à une répression de plus en plus violente pour des motifs divers parfois infondés. En 2019, Paul Chouta a été détenu pendant deux ans à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Paul Chouta a finalement été condamné à 23 mois d’emprisonnement pour « diffamation » mais les défenseurs des droits de l’homme ont dénoncé une violation du droit à un procès équitable. La dernière fois qu’il a été kidnappé, ses ravisseurs l’ont poussé dans un pick-up noir et l’ont conduit dans un endroit isolé à la périphérie de Yaoundé, lui assénant des coups de poing à maintes reprises tout au long du trajet d’une douzaine de kilomètres. Entre août 2019 et mars 2022, 16 cas d’agressions contre les journalistes ont été recensés notamment celui de Davina Lyse Nguili Ikouma, une jeune diplômée de l’école de journalisme qui a passé 6 jours à la Police judiciaire de Douala. L’impunité des auteurs et responsables des violences contre les journalistes laisse apparaître une politique d’intimidation à l’encontre de ces journalistes. Ledit cas rejoint ainsi, celui de plusieurs autres qui n’ont pas seulement été agressés, intimidés mais qui ont trouvé la mort. Un autre journaliste parmi tant d’autres a aussi subi la foudre de ses ravisseurs : Il s’agit de Charlaine Feumo. Connue pour son sens du travail, sa détermination à vouloir dénoncer les faits de la société et sa quête permanente de la vérité, l’éditorialiste et rédactrice de presse écrite a toujours su, à travers sa plume, éduquer, communiquer et informer. Après le journal « L’Epervier » où elle fait ses preuves, elle poursuit son bout de chemin au journal « L’Equation », et au Journal « Le Soir ». Entre 2020 et 2022, ses articles sont chiffrés. Assez cachée du public, elle ne se fait connaitre qu’à travers ses écrits. Mais que se passe-t-il dans sa vie depuis plusieurs mois ? La journaliste fait face aux intimidations, chantages et menaces de mort. Elle affirme avoir reçu des menaces à travers des appels téléphoniques et sa maison a été vandalisée. Le fait le plus récent remonte au soir du 26 Septembre 2022 où la journaliste se fait enlever par trois hommes, puis elle est conduite dans un lieu inconnu. Une agression qui a failli lui coûter la vie comme les autres journalistes. Notons qu’au cours de cet enlèvement, la rédactrice du journal « L’Equation » a été battue et torturée. « Je longeais le rond-point Mecc comme tous les usagers en stoppant le taxi lorsque finalement j’ai été acceptée par une voiture. C’est deux minutes plus tard que je me rends compte que les personnes assises à côté de moi sont des kidnapeurs », déclare-t-elle avant de poursuivre, « au moment où j’ai su qu’il y’avait quelque chose qui se passait, j’ai tout de suite voulu sortir. Mais ils m’ont fermé les yeux, la bouche et attaché les mains. Une fois arrivée dans ce lieu de torture, ils m’ont retiré m’a chemise, m’ont versé de l’eau. Je suis restée coucher pendant des heures, après ils sont revenus, m’ont fait asseoir et ont commencé à frapper sur moi. Comment peut-on être si méchant! ». « Ils m’ont demandé de rester sur mes gardes et de me taire. Si j’ouvre encore ma bouche, ce sera ma fin », affirme la journaliste. « La peur m’envahit de jour en jour. Je ne dors presque plus. Quand je marche j’ai la sensation d’être suivie. Qu’ai-je fait si ce n’est pas mon travail », dit-elle. La peur est permanente chez la jeune journaliste. Un cas qui est loin d’être isolé. Les journalistes au Cameroun n’ont même plus le droit de parler. Des intimidations, des enlèvements, des disparitions, des tortures, sont le quotidien des professionnels des médias. Après des appels anonymes, des messages menaçants, ses bourreaux sont ainsi passés à l’action. La rédactrice de presse écrite affirme que, peu de temps avant, sa maison a été cambriolée. Tout son matériel de travail vandalisé. Après plusieurs plaintes déposées auprès des brigades et commissariats, rien a vraiment été fait par les responsables de la police et de la gendarmerie. La vie de la jeune journaliste est menacée. Que les autorités compétentes fassent leur travail ! Elle exhorte les pouvoirs publics à l’aider à résoudre le problème qui dure depuis plusieurs mois.
Christ Abessolo
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