C’est l’essentiel à retenir du rassemblement des principaux acteurs du renseignement financier du berceau de l’humanité, autour d’un forum les 17 et 18 avril à Yaoundé. Tenue sous le thème : « Renforcer l’intégrité financière et la cyber-résilience en Afrique », cette rencontre organisée par l’Institut international des professionnels certifiés en investigation médico-légale, IIC-FIP visait à examiner les moyens d’améliorer la qualité du renseignement financier à travers le continent.

Avec une perte de 88,6 milliards de dollars liée au flux financiers illicites par an, l’Afrique s’expose à un avenir sombre qui amplifie parallèlement les facteurs tels les paradis fiscaux, cachés dans des comptes offshore, finançant la criminalité, les conflits et le chaos. Si elle entend poursuivre son processus de modernisation tel que conduit par les Objectifs de Développement Durable, il est surtout question de changement de paradigme. C’est chargé de ce challenge que l’Institut international des professionnels certifiés en investigation médico-légale, IIC-FIP a tenu à rassembler les acteurs du renseignement financier africain, à l’effet d’envoyer un message fort au monde entier : « Aujourd’hui, nous ne sommes pas simplement réunis pour parler nous sommes convoqués à agir. Nous nous réunissons à un carrefour historique non pour une énième conférence, ni pour un autre dialogue politique, mais pour une déclaration. Une déclaration selon laquelle l’Afrique ne sera plus un témoin passif de l’érosion de son économie. Une déclaration que le crime financier ne volera plus les rêves de nos peuples, ni ne financera la décadence de nos nations. Une déclaration que le moment est venu de passer de In passivité à la puissance et cela commence maintenant » a d’emblée indiqué le Dr. Linus Enobi Akepe.

Les travaux visaient prioritairement à renforcer l’intégrité et à accroitre la cyber-résilience de l’Afrique qui reste prisonnière de l’utilisation des liquidités dans son système de transaction. En effet, plusieurs entreprises étrangères au Cameroun et en Afrique refusent encore les virements bancaires, l’argent mobile, les paiements numériques. Ce qui favorise le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et les activités illicites, tout en compromettant la traçabilité et en épuisant le trésor public. L’on note également l’affaiblissement de l’efficacité des Cellules de Renseignement Financier (CRF) et la compromission de la conformité des pays africains aux obligations financières internationales telles que les recommandations du GAFL, les conventions des Nations Unies et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Ces entreprises sciemment ou non, alimentent l’économie de l’ombre et favorisent la propagation du crime financier. « Nous devons répondre par des réglementations audacieuses, une application rigoureuse de la loi et une collaboration transfrontalière renforcée »précise Dr Akepe. Il s’est donc agi de donner aux CRF pleins pouvoirs, de l’intelligence et les outils d’investigation pour démanteler ces pratiques.
Aussi l’initiative entendait apporter sa contribution dans la lutte contre le terrorisme en mettant un accent sur la canalisation du financement des ONG et la vulgarisation du processus de renseignement financier, en faveur de laquelle 5 reformes sont annoncées notamment : l’ Antonomie institutionnelle pour laquelle, les CRF devront être juridiquement et opérationnellement indépendantes, rendant compte uniquement au Parlement avec un budget protégé ; l’ Analytique basée sur l’Intelligence Artificielle et la Blockchain Il ; Un Réseau Panafricain de CRF ; un Tribunal Spécialisé en Crimes Financiers disposant des juridictions spécialisées susceptibles de garantir une justice rapide ; aussi et surtout l’Académie IICFIP qui formera les défenseurs financiers.
Oscar Abessolo
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