Respectivement classés aux 366é et 373é rangs sur 405, les ports de Kribi et de Douala ont pourtant connu une progression en terme de flotte. La classification fruit de l’indice mondial de performance des ports à conteneurs (CPPI) 2023, publié le 4 juin 2024 par la Banque mondiale et Standard & Poor’s Global Market Intelligence, laisse les responsables de ces deux infrastructures portuaires camerounaises, dubitatifs sur les critères ayant guidé cette étude.

En officialisant les chiffres de l’indice mondial de performance des ports à conteneurs (CPPI) 2023, la Banque mondiale et Standard & Poor’s Global Market Intelligence rendaient publics les résultats d’une enquête basée sur des paramètres tels que le séjour des navires et le combinat portuaires. Si ces critères superficiels semblent déjà désavantager une certaine catégorie des ports, l’on peut d’ores et déjà se questionner sur l’objectivité de ce classement.
Du côté des autorités portuaires camerounaises, il s’agit clairement d’un rapport irrecevable et inadmissible. Tout en portant des réserves sur ce classement, elles soulignent l’aspect d’inéligibilité que revêt la prise en côté de la durée du séjour des navires .
Pour les responsables du PAD, cette méthode désavantage les ports soumis aux marées, comme celui de Douala. « Un port maritime n’a pas les mêmes caractéristiques qu’un port fluvial comme celui de Douala-Bonabéri. Étant un port à marées, le port de Douala est désavantagé dans la mesure où, même après avoir terminé les opérations de manutention, le navire doit attendre la marée pour appareiller », a laissé entendre un des responsables rencontrer par votre rédaction.
Au-delà de ce critère sur la durée des navires, la partie camerounaise note également des incongruités au niveau du combinat portuaire. À cet effet, le Directeur Général de la RTC précise que le port de Douala par exemple, est catégorisé comme traitant plus de 500 000 unités équivalentes à vingt pieds (TEUs) selon le CPPI, alors qu’il traite en réalité 380 000 TEUs par an.
Le fait est d’autant plus marquant tant on se souviens que les deux ports camerounais occupent respectivement les 26é et 27é positions en Afrique subsaharienne. Selon Michaël Mama, Directeur d’exploitation au Port autonome de Kribi (PAK), «… Le fait de les présenter comme plus performants que des ports africains d’envergure tels que Tema, Dakar, Durban ou encore Cotonou, ou des ports d’envergure mondiale tels que Le Havre, Long Beach ou Los Angeles, constitue un manque de sincérité… Quand on sait très bien que ces ports bénéficient d’infrastructures et d’équipements de pointe, ainsi que d’une connectivité (routière, ferroviaire) beaucoup plus développée que celle des ports camerounais. » a-t-il précisé sans toutefois remettre en doute les capacités des ports camerounais.
Si les responsables des ports de Douala et Kribi reconnaissent à demi mot qu’il est urgent d’améliorer les équipements, de mettre en place des outils de suivi efficaces pour évaluer les opérations et d’accroître les capacités d’accueil; l’indice mondial de performance des ports à conteneurs (CPPI) 2023, publié par la Banque mondiale et Standard & Poor’s Global Market Intelligence fait également des mécontents hors des frontières camerounaises.
Dans un communiqué au ton très offensif, les autorités djiboutiennes disent «rejeter avec force ce rapport aux conclusions absurdes, lequel porte un tort totalement injustifié́ au pays et à ses installations. En effet, pour le gouvernement de ce pays, les modes de calculs utilisés par les experts de ce rapport semblent déformer la réalité de l’industrie portuaire. D’autres ports de classe mondiale dont la densité́ de trafic est forte sont relégués au classement, ceci au détriment de ports aux trafics nettement plus limités.
Globalement, de Douala à Djibouti en passant par Kribi, on n’est pas loin de crier au complot. À Djibouti, l’on est même très cru, «… Pour des raisons tout aussi
énigmatiques, le port de Djibouti, considèré comme le meilleur port d’Afrique subsaharienne pendant trois ans d’affilé ́e par le même rapport, n’apparait plus dans cette région et a été reclassé dans la région West, central and South Asia qui couvre une zone allant de l’Arabie Saoudite au Bangladesh.». Bref, une incongruité de plus.
Oscar Abessolo source : Conjoncture économique.
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