in

Journée Mondiale de l’Enfance 2025 : La CDHC lance un appel urgent face aux exactions persistantes sur les enfants

À la veille de la Journée Mondiale de l’Enfance, célébrée le 20 novembre 2025, la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC), sous la présidence du Professeur James Mouangue Kobila, a rendu publique une déclaration empreinte d’une profonde préoccupation. L’instance a salué le thème de l’année, « Écoutez les enfants, défendez les Droits de chaque enfant, chaque jour », tout en insistant sur la nécessité impérieuse de passer de la parole aux actes face à la recrudescence et à la persistance des violences, abus et exploitations subis par les enfants à travers le pays.

Dans sa déclaration, la Commission a accueilli avec enthousiasme le thème choisi par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour cette édition 2025. Ce slogan met en lumière l’impératif d’accorder une oreille attentive aux enfants, de reconnaître leur voix, leurs opinions, leurs besoins et leurs aspirations. Il réaffirme leur droit fondamental à être inclus dans les processus décisionnels qui les concernent, en parfaite adéquation avec l’esprit de la Convention relative aux Droits de l’enfant. La CDHC souligne que ce thème résonne puissamment avec les agendas stratégiques mondiaux et continentaux. Il s’aligne non seulement sur l’Agenda 2030 des Nations Unies mais aussi sur l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, deux cadres qui placent l’humain, et plus particulièrement l’enfant, au cœur du développement durable. L’aspiration 6 de l’Agenda 2063, qui promeut l’investissement dans le potentiel des jeunes Africains, trouve ici son écho, renforçant la nécessité de garantir leur protection, leur éducation et leur participation active à la construction d’une Afrique prospère, inclusive et pacifique.

Dans cette dynamique, la CDHC tient à saluer les efforts considérables déployés par les pouvoirs publics camerounais et leurs partenaires pour faire progresser la pleine réalisation des Droits de l’enfant dans un contexte mondial en perpétuelle mutation. Parmi ces initiatives louables, la Commission cite notamment la mise en œuvre, en juillet 2025, du Programme d’Éducation Accélérée. Ce projet, initié par le ministère de l’Éducation de Base (MINEDUB) avec le soutien précieux de l’Union européenne (UE), du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) et de Plan International, vise à permettre à plus de 400 enfants déplacés internes de rattraper leur retard scolaire. Lancé le 17 janvier 2024, ce programme a déjà contribué à la réintégration d’environ 4 000 enfants non scolarisés dans le système éducatif formel dans la Région de l’Extrême-Nord, offrant ainsi une seconde chance éducative précieuse.

Screenshot

Par ailleurs, la Commission a accueilli favorablement l’adoption par le Parlement et la promulgation par le Président de la République de la loi n° 2024/016 du 23 décembre 2024. Cette nouvelle législation porte sur l’organisation du système d’enregistrement des faits d’état civil, faisant suite à un plaidoyer soutenu de la CDHC initié le 28 mars 2022, visant à faciliter l’établissement des actes de naissance. La loi introduit des innovations majeures, notamment l’extension des délais de déclaration de naissance, passant de 30 à 90 jours, et celle des délais de réquisition du procureur de la République, portée de six à 12 mois. Ces mesures visent à consolider le droit fondamental de chaque enfant à être enregistré dès sa naissance et à bénéficier d’une identité légale, élément essentiel à l’accès à d’autres droits.

La CDHC rappelle également l’engagement réaffirmé du Gouvernement camerounais, manifesté le 16 juin 2025 lors de la 35ème édition de la Journée de l’Enfant Africain. Il avait alors été annoncé une enveloppe de plus de deux milliards de francs CFA pour l’année 2025, spécifiquement destinée à soutenir le bien-être des enfants camerounais, une annonce qui témoigne d’une volonté politique d’investir dans l’avenir de la jeunesse.

Cependant, malgré ces avancées notables et les engagements réaffirmés, la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun demeure profondément préoccupée par la persistance alarmante des violences, abus et exploitations à l’encontre des enfants. Une source majeure d’inquiétude réside dans le fait que certains enfants sont exploités par des acteurs politiques et des groupes armés non-étatiques, une situation particulièrement odieuse qui compromet leur sécurité et leur avenir. À cela s’ajoutent les violences domestiques, les châtiments corporels, les violences sexuelles, les mariages précoces et la traite des êtres humains. La CDHC déplore que l’application des lois protectrices demeure inégale sur le territoire, créant des disparités dans la protection des enfants. De plus, les mécanismes de signalement de ces exactions ainsi que les structures de prise en charge des victimes sont notoirement sous-financés, ce qui limite leur efficacité et leur portée. La Commission note, pour le regretter vivement, que la corruption constitue un obstacle majeur à la réalisation optimale des Droits de l’enfant, dans la mesure où elle sape les ressources destinées à leur protection et entrave une gouvernance juste et équitable.

En cette Journée Mondiale de l’Enfance, la CDHC appelle donc à une action concertée et renforcée. L’écoute des enfants doit se traduire par des politiques concrètes et des mécanismes de protection robustes, et la défense de leurs droits doit être une réalité quotidienne, et non un vœu pieux, pour chaque enfant du Cameroun, en particulier pour les plus vulnérables face aux exactions persistantes.

Oscar Abessolo

Tribune de l'info

Écrit par Tribune de l'info

Media digital d'actualités

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

Qu'en pensez-vous ?

Paiement des factures d’eau : Camwater et Campost amplifient la modernisation du processus

Routes bitumées du Cameroun : une urgence d’entretien face à la dégradation constante