Le marché visant à garantir aux 10 régions du Cameroun un système de vidéosurveillance de qualité avait été gagné par l’entreprise chinoise ZTE en 2013. A ce jour, la gestation n’a enfanté d’aucune souris.

Comment ne pas rechercher la trace d’un tel engagement, au regard du taux de criminalité sans cesse croissant dans les milieux urbains camerounais ? Comment ne pas s’alarmer, à la mention du montant d’une enveloppe aussi colossale, quand on regarde la situation économique du Cameroun et le niveau très élevé de la dette ? Des questions qui, comme d’autres laissent transparaître un certains nombres de manquements dont la correction, est une condition pour la réussite parfaite, de l’implémentation et du succès de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030(SND30).
Les faits sont pourtant là ! Plus de 10 ans après, le Réseau National des Télécoms (RNTU), chantier qui a coûté à l’Etat camerounais un investissement de plus de 70 milliards FCFA est dans des oubliettes et rien ne semble être fait, dans le sens de la correction. Retombée de la visite du chef de l’État camerounais, Paul Biya, en Chine en 2011, le projet porté par l’entreprise chinois ZTE avait un délais d’exécution initial de 24 mois, ce, à compter du mois de janvier 2017, juste après la signature du contrat de 109,1 mil- liards de Fcfa entre l’État du Cameroun et l’équipementier des télécoms chinois.
Le projet est articulé autour de cinq composantes.
La première est le réseau de radio communication à ressources partagées, qui permet aux équipes du gouvernement de gérer les urgences de manière confidentielle et sécurisée, sans avoir besoin de passer par un réseau public. La deuxième composante est le système de communications d’urgence, qui vise à assurer la prise en charge des appels de détresse provenant de n’importe quel abonné détenteur d’un terminal mobile avec ou sans puce. La 3e composante, quant à elle, est le système de vidéosurveillance, qui permet d’assurer la protection des biens et des personnes en véhiculant, enregistrant et en exploitant les images prises par un ensemble de caméras. La 4e composante est un système de visioconférence. La dernière composante est le système e-police, qui est une plateforme technologique centralisée de gestion des opérations de sécurité dans certaines villes du pays.

Dans un procès-verbal officiel, la partie camerounaise exige la « 3G en priorité >», et la «4G à titre expérimental». Une exigence justifiée par le fait que les autorités camerounaises avaient déjà émis des réserves sur le projet de ZTE d’utiliser la technologie 2G, jugée déjà obsolète à cette époque, dans le cadre de la réalisation de ce pro- jet.
Cette exigence des autorités camerounaises a-t- elle été finalement prise en compte dans la conduite du projet plus de dix ans après ? Rien n’est moins sûr.
En effet, apprend- on de sources proches du dossier, dans le cadre de l’exécution de ce projet, la société chinoise ZTE ne se hâte pas toujours à se réajuster, sur les réserves émises par le Cameroun sur certains aspects liés à l’exécution ; prétextant que les nouvelles exigences pourraient induire le dépassement de l’enveloppe budgétaire initiale . Tout compte fait, dans le cadre de l’exécution de son contrat, le Chinois ZTE a, selon nos sources, déjà reçu pas moins de 900 réserves sur la qualité de ses travaux par rapport aux attentes du Cameroun. Dans un rapport «de suivi des levées de réserves » daté de décembre 2021 et élaboré par le consortium Resytal-Matrix Télecoms, qui assure la mission de contrôle des travaux, plusieurs centaines des réserves émises n’avaient toujours pas été prises en compte par ZTE sur les sites de Yaoundé, Douala, Bertoua, Ngaoundéré, Maroua, Garoua, Ebolowa, Mvomeka, Bafoussam, Bamenda et Kribi. Ce qui peut expliquer la non livraison du chantier attendu depuis l’année 2019, selon les délais contractuels.
Un budget en appui sollicité
Si la presse camerounaise s’était déjà levée en dénonçant le caractère suspect de ce projet, il convient de noter que bon nombre de questionnements restent sans réponse sur le rôle des autorités dans ce marché. Après que les employés du Minpostel aient saisi les medias à plusieurs reprises pour dénoncer les malversations financières et l’échec total du projet, le prestataire aurait mis les moyens en jeu pour convaincre le Minpostel de signer la réception finale du projet et lui permettre de rapidement recevoir le paiement du dernier décompte. Ce qui explique à suffisance, le fait que ce projet qui n’a jamais été exécuté dans sa totalité a quand même été payé à pratiquement 100% au prestataire.
Malgré l’arrêt de ces travaux, des sources crédibles laissent entendre qu’au courant de l’année 2023 et au vu des manquements trop identifiables, le prestataire avait engagé de nouvelles transactions au Minpostel pour obtenir un nouveau budget de 4 milliards Fcfa en vue d’une maintenance de ce projet déjà obsolète avant – même sa réalisation.
O.A source: le messager
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