À l’occasion de la Journée Internationale des Populations Autochtones (JIPA) 2025, dont le thème central est « Peuples autochtones et intelligence artificielle : défendre les Droits, façonner l’avenir », la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) salue la pertinence de cette thématique. À l’ère de la transition numérique et de l’intelligence artificielle, les implications sur les droits fondamentaux, les territoires, les cultures et l’autodétermination des peuples autochtones sont considérables et méritent une attention particulière.

La Commission tient à rectifier une interprétation réductrice de la notion d’autochtone au Cameroun, qui se limite parfois à certains groupes ethniques spécifiques. Une telle vision contredit la Constitution camerounaise, qui, dans son article 57 alinéa 2, établit l’autochtonie comme un critère de représentation dans les instances régionales. Le principe de représentativité territoriale doit ainsi être élargi pour englober toutes les populations autochtones du pays, garantissant ainsi leur pleine intégration citoyenne et politique.

Dans cette optique, la CDHC apprécie les efforts gouvernementaux et ceux de ses partenaires en faveur de la promotion et de la protection des droits des peuples autochtones. La récente mesure présidentielle du 22 juillet 2025, réservant l’exploitation du site minier de Kambélé aux artisans autochtones, est un exemple concret d’inclusion économique qui favorise leur autonomie. De même, la remise de matériel informatique aux chefferies traditionnelles dans les arrondissements de Kribi le 25 janvier 2025, par l’APIPAV, témoigne d’une volonté d’améliorer l’accès à la formation numérique et, par extension, les conditions de vie de ces communautés.

Les actions menées en 2024 pour célébrer la JIPA, telles que l’événement à Buéa axé sur « L’accès à la citoyenneté : un droit fondamental pour les populations locales », ont réuni plus de 700 participants. Ces initiatives ont permis de sensibiliser le public aux droits des communautés autochtones, de promouvoir des messages de paix et de diffuser la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples autochtones dans des langues locales, comme le bakweri.
La collaboration avec les organisations de la société civile est également un pilier essentiel. L’atelier de formation destiné à 50 représentants d’organisations membres du REPALEAC à Douala, axé sur le renforcement de leurs capacités dans un monde de plus en plus numérique, est une démarche louable qui prépare ces acteurs aux défis contemporains.

Cependant, la Commission exprime une vive préoccupation quant à la faible participation des peuples autochtones dans l’élaboration des politiques nationales relatives à l’intelligence artificielle et aux processus numériques. Cette exclusion risque de creuser la fracture numérique, d’accroître leur marginalisation et de les priver d’un accès essentiel à l’éducation, à la santé et à d’autres services fondamentaux. Il est déplorable de constater le manque d’initiatives ciblées pour assurer leur inclusion numérique, un facteur clé pour prévenir leur isolement et leur marginalisation croissante.
La CDHC réitère ses recommandations : il est impératif que les organisations de la société civile forment les leaders autochtones sur les enjeux de l’intelligence artificielle, leur permettant ainsi de mieux accompagner leurs communautés dans cette transition technologique. Les politiques publiques doivent impérativement intégrer les droits et les spécificités des peuples autochtones. La Commission exhorte le ministère des Affaires sociales à élaborer un cadre de protection robuste pour les savoirs, le patrimoine culturel et les données personnelles des autochtones, garantissant leurs droits dans cette nouvelle ère numérique.
ci-joint l’intégralité de la déclaration
Oscar Abessolo


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