C’était le 27 septembre 2023, au cours de l’atelier de restitution des résultats de l’évaluation des finances publiques par la méthode PEFA(Dépense publique et recevabilité financière), que présidait le Ministre délégué auprès du Minfi Yaouba Abdoulaye.
Défini comme étant l’analyse des finances publiques d’un Etat donné, au regard des standards internationaux, l’enquête PEFA contribue à une meilleure gouvernance financière. Après celles de 2007 et de 2017, la troisième évaluation lancée le 20 décembre 2022 vient de rendre sa copie, au cours de l’atelier qui a connu la participation, de la délégation de l’Union européenne, les responsables des commissions finances et budget du parlement, le président de la chambre des comptes et plusieurs autres personnalités.
Il ressort que 8 ans après la dernière évaluation et la tenue de la mise en œuvre du plan de reforme qui faisait suite a cette évaluation, le système de gestion de la finance publique du Cameroun est en nette progression.
Selon Jérôme Pons, le Chef de la Délégation de l’Union Européenne au Cameroun, 17 des 31 indicateurs se sont améliorées. Le pays enregistre des progrès notamment dans conformité de l’exécution des recettes et des dépenses par rapport aux prévisions ; l’adoption de l’approche de budgétisation sensible au genre ; la reconnaissance de la gestion des actifs et passifs, à travers le suivi des actifs financiers et de la dette, ainsi qu’ une meilleure transmission des comptes annuels des entreprises publiques. Le pays a également adopté toutes les directives CEMAC, notamment le Code de transparence et de Bonne Gouvernance et la loi portant Régime financier de l’Etat. Ce qui lui a permis de clarifier les compétences de la Chambre des comptes tout en soutenant son indépendance.
Selon Sophie Boumsong, le Chef de la Division de la Reforme Budgétaire DGB/Minfi, les avancées sont remarquables : « cette évaluation a connu des progrès reconnus par les experts sur le système de gestion des finances publiques notamment, la qualité des dispositifs en matière de recettes, avec une nette progression pratiquement de plus de la moitie sur les 10 dernières années, et ça c’est aussi parce qu’il y a eu des réformes, qui ont été mises en place. Sur les dernières années, nous voyons les évolutions sur les recette malgré la présence des crises importantes (la crise du covid, la crise russo-ukrainienne qui continue à impacter nos économies), nos recettes sont en augmentation. Nous avons également évolué sur les processus budgétaires en matière de dépense sur l’amélioration du cadrage macroéconomique et financier ; le suivi ; la programmation pluri annuelle des dépenses ; la qualité ou sur l’importance de la documentation qui est transmise au parlement. En outre, nous avons connu des évolution au niveau des processus de passation des marchés, les processus de trésorerie, des comptabilité et dans beaucoup d’autres domaines qui ont connu des avancées en terme d’amorces » a-t-elle indiqué.
A l’instar de ces avancées considérables, l’évaluation a également permis de noter que 17 des 31 indicateurs accusent encore des retards. Il s’agit entre autres la composition des dépenses réelles par rapport au budget initialement approuvé ; la forte mobilisation des lignes budgétaires 65 et 94 ; l’enregistrement incomplet de certaines recettes et dépenses ; l’accès du public aux informations budgétaires. « Dans ces différents domaines, nous avons encore des limites importantes telles que l’exécution du budget et le pilotage de l’exécution du budget. On a comme l’impression que parfois on prépare un très bon budget, mais compte tenu des contraintes fortes qui se posent au moment de l’exécution du budget, on a encore des limites à maitriser cette exécution. Nous avons également des faiblesse dans l’encadrement des entités extra- budgétaires comme des entreprises publiques, les CTD où il manque encore beaucoup de transparence dans le compte rendu de l’exécution et de la préparation du budget, la transparence interne de production des comptes des états financiers » a précisé la DREF.
Au-delà de cette restitution des résultats, l’atelier de Yaoundé marquait non seulement, la fin du processus de l’évaluation PEFA proprement dit, mais enclenchait également celui de son appropriation par les acteurs. Selon des sources fiables, il devait aboutir à la mise sur pied d’un nouveau plan de gestion des finances publiques qui succédera à celui en cours et dont la clôture est prévue pour décembre 2023.
Oscar Abessolo
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