La maison des artistes de Neptune Kondengui à Yaoundé, a offert au public, un cocktail multiculturel, à l’occasion d’un vernissage le 24 février 2024. En guest star, l’artiste plasticien camerounais Stéphane ELOUNDOU et la photographe franco-malienne Sira TRAORE, tous deux en immersion pour des cultures différentes, mais aux regards croisés. A travers des talk et un vernissage, ils ont invité leur auditoire à retourner aux sources, pour avoir un ascendant certain sur les problèmes qui minent la société moderne.
Hervey KEEDI, propriétaire des lieux, a bien réussi la renaissance de Metamorphosis, espace culturel situé dans un quartier périphérique du quatrième arrondissement de Yaoundé. Dompté par la force de la culture patrimoniale, l’adversité qu’impose la violence de la modernité du monde contemporain, c’est le nœud gordien de cette ce brunch culturel. C’est par le biais des formes, des couleurs et les objets ancestraux, que les artistes divers dans leurs arts, venus d’ici et d’ailleurs se sont prêtés au jeu. Selon des explications, l’objectif d’une telle rencontre vise à encrer la médiation culturelle dans les us et pratiques. « Ce soir, il ne sera pas seulement question de tissage patrimonial, mais aussi de tissage humain », a déclaré Hervey KEEDI. En réalité, ce 24 février 2024, Metamorphosis a initié le tissage de deux artistes. Il s’agit ici, pour Stéphane ELOUNDOU et Sira TRAORE d’enchevêtrer leurs arts, leurs potentiels, leurs philosophies, leurs visions, pour éclairer la lanterne du public venu nombreux.
Les différentes prestations scéniques, poétiques, ou via des représentations rupestres, ont interpellé chacun à faire une introspection. Pour Stéphane ELOUNDOU : «la vision croisée des artistes tels que Maïa GHATTAS, Sira TRAORE, Marcel NDJIE, Zikoko, et le jeune ELOUNDOU BIFOUMOU, participent à convier chacun de nous à réactualiser ses connaissances et apporter sa contribution à cette construction de toile ». L’idée c’est d’ériger cet instant en médicament pour le grand monde malade, dans lequel vit l’Homme. Cette médication est possible à Metamorphosis grâce aux sessions d’échanges, de partages, pour faire référence à l’arbre à palabres.
Il a donc été concrètement question de projection en boucle du documentaire « racines au bord du fleuve » réalisé par la française Maïa GHATTAS, de talk et de vernissage. Les expositions quant à elles, se poursuivent jusqu’au 28 février 2024, au siège de Metamorphosis. Recueillant l’avis de l’artiste Maïa GHATTAS, on retient de sa brillante participation la nécessité de Rediffuser le patrimoine dans la société actuelle. Elle travaille en effet avec Stéphane ELOUNDOU depuis 14 ans maintenant. «Je travaillais sur le patrimoine et j’avais envie de découvrir la façon dont les artistes font vivre ce patrimoine. Le patrimoine, la tradition, c’est une sorte de bassin dans lequel on vient chercher des choses, et vient s’alimenter. Les artistes contemporains sont d’une certaine manière des gens qui permettent de rediffuser le patrimoine dans la société actuelle », a lâché la française. Son travail s’inscrit dans le tissage patrimonial. Elle a été invité par les deux artistes de cette exposition à présenter le documentaire sur le travail de Stéphane ELOUNDOU.L’artiste Pierre Balla (Zikoko), a exhorté les uns et les autres, par le biais de l’art qu’il sait, à revenir aux sources. « Quand on m’a parlé de l’exposition, Stéphane m’a proposé de jouer du Mvet et je suis donc sorti avec la sanza qui est un instrument qui fait appel en nous-mêmes. J’ai aussi exposé les maracas, j’ai fait un poème avec ces instruments là », a-t-il déclaré. Faut-il le rappeler, la sanza est un instrument de méditation, d’introspection. Que dire du roi des noix ! L’artisan Marcel NDJIE, pas loin Zikoko, a également interpellé l’auditoire à Retourner à nos racines. « La noix de palme et moi c’est une histoire, une motivation spirituelle. C’est un élément qui fait partie de moi, qui m’a transformé. Aujourd’hui je me retrouve artisan de cette noix de palmiste qui m’a permis de retrouver certains éléments de la forêt qui m’ont inspiré et qui ont créé une certaine diversité qui se manifeste en moi, et qui se transporte chez d’autres frères », a-t-il confié. Pour lui, ce type de vernissage est important pour les artistes parce qu’il participe de leur visibilité, et permet en même temps de les éclairer dans le sens du patrimoine.
Lavoisier Essama
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