Célébrée le 9 septembre 2025, la 6e édition de la Journée Internationale de Protection de l’Éducation contre les Attaques a donné l’occasion à la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) de réaffirmer avec la plus grande vigueur son engagement indéfectible envers la sauvegarde de ce pilier fondamental de notre société. S’appuyant sur le thème : « Changer les récits, remodeler l’action », l’organe présidé par le Pr. James Mouangue Kobila appelle à une réflexion profonde sur les approche collective et à une mobilisation renouvelée pour garantir un avenir éduqué, un droit inaliénable pour chaque enfant, chaque jeune, chaque citoyen.

Dans une déclaration rendue publique par sa cellule de communication, la Commission souligne avec satisfaction l’adoption par l’Assemblée Générale des Nations Unies (AGNU) de la Résolution 74/146, en date du 18 décembre 2019. Ce texte historique proclame l’éducation comme un droit humain fondamental et lance un appel pressant à la protection des écoles en temps de conflit. Au-delà de cette reconnaissance cruciale, la résolution met en lumière le rôle central de l’éducation dans la promotion de la paix, de la stabilité et du développement durable. Elle insiste fermement sur la nécessité primordiale de protéger les établissements scolaires et, par extension, tout le personnel éducatif, particulièrement en période de conflit armé, où ils sont trop souvent la cible d’attaques barbares.
Dans cette veine, la Commission a tenu à rappeler la proposition faite par son Président lors du 1er Séminaire Chine-Afrique sur les Droits de l’Homme, tenu à Addis-Abeba les 21 et 22 août 2025. Il y a été suggéré de considérer le droit à l’éducation comme un « droit-racine ». Cette analogie, comparant le droit à l’éducation à la racine d’un arbre qui assure son ancrage et sa nutrition, illustre parfaitement le rôle systémique de l’éducation au sein de l’édifice global des droits humains. Sans ce socle, sans cette sève nourricière qu’est l’éducation, l’ensemble du corpus normatif des droits humains risque de demeurer fragile, instable, voire inaccessible pour de nombreuses populations.

Le thème de cette 6e édition, « Changer les récits, remodeler l’action », résonne particulièrement avec les défis auxquels la société est confrontée. Il souligne en effet l’urgence de sensibiliser davantage, de mobiliser toutes les parties prenantes et de renforcer la résilience de nos communautés face aux menaces persistantes qui pèsent sur le secteur éducatif, surtout dans les zones frappées par l’insécurité et les conflits. C’est un appel à dépasser les constats pour bâtir des solutions concrètes et durables.
A cet effet, la CDHC se félicite des efforts déployés par le Gouvernement du Cameroun et ses partenaires pour protèger notre système éducatif contre les attaques. Ces actions visent à permettre aux apprenants et aux enseignants de retrouver un environnement d’apprentissage serein et sécurisé, assurant la continuité des enseignements. À titre d’exemple concret, nous saluons l’arrestation, le 5 septembre 2025 par les autorités américaines dans le Minnesota, de Benedict NWANA KUAH et Pascal KIKISHY WONGBI, deux leaders sécessionnistes camerounais. Suite à une mise en examen par un grand jury fédéral, il est reproché à ces individus d’avoir utilisé le territoire américain comme base opérationnelle pour financer, organiser et diriger des actes de terrorisme, incluant des enlèvements, des attentats à la bombe, des meurtres, et des attaques spécifiquement ciblées contre le secteur de l’éducation au Cameroun. Ces arrestations montrent que la lutte contre ceux qui s’attaquent à l’éducation transcende les frontières et nécessite une coopération internationale renforcée.

Cependant, la Commission n’a pas manqué de relever la persistance des attaques, particulièrement dans les régions en proie à l’insécurité, où persistent les groupes terroristes. Ces derniers continuent de s’en prendre au secteur de l’éducation, allant des menaces de mort proférées à l’encontre d’élèves et d’enseignants aux agressions physiques, en passant par les actes d’enlèvement, d’extorsion, les attaques armées et les incendies visant délibérément les établissements scolaires. En revenant sur l’enlèvement, le 14 août 2025, de onze enfants sur l’axe routier reliant Kousseri à Maroua, au niveau de Zigague, par le groupe terroriste Boko Haram, la CDHC rappelle le caractère tragique de cette réalité. Bien que l’intervention rapide du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) et de la Gendarmerie ait permis la libération de dix enfants, le fait qu’un des captifs ait été tué par les assaillants témoigne de la cruauté et de la sauvagerie de ces actes et de l’urgence d’agir.
La Commission note avec intérêt que sur les 220 recommandations acceptées par l’État du Cameroun lors de l’adoption du Rapport du passage du Cameroun au 4e cycle de l’Examen Périodique Universel (EPU), le 26 mars 2024, six recommandations sont spécifiquement consacrées à la protection de l’éducation contre les attaques. Ces recommandations, ventilées par l’Institution Nationale des Droits de l’Homme (INDH) du pays, ont été transmises aux structures pertinentes de l’État et aux institutions spécialisées pour une mise en œuvre ciblée. Cette vigilance accrue des instances internationales et nationales démontre une prise de conscience collective de l’importance de ce dossier.
En conclusion, la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun a réitèré ses recommandations formulées lors de l’édition 2024 de cette Journée Internationale. “Nous exhortons particulièrement les services du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, ainsi que tous les ministères et institutions concernés, à intensifier leurs efforts pour garantir la pleine et entière application de ces recommandations. Nous appelons à un renforcement des mesures préventives, une amélioration de la réponse aux crises et une culture de la protection de l’éducation à tous les niveaux. Il est impératif de changer les récits pour dénoncer la barbarie et l’illégalité de ces attaques, et de remodeler nos actions pour faire de l’éducation un sanctuaire inattaquable, un rempart contre la violence et un phare pour l’avenir” .
Oscar Abessolo
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